« Tout est tellement difficile et dire quelque chose
c’est déjà se condamner »

                — Diego Álamos,
Nuevo Curso de Mecanografía en 10 lecciones
Santiago de Chile, Luciérnaga/Cuadernillos, p. 5


                Serres
Consultation internationale d’art et d’architecture
pour la création d’un centre d’hébergement nomade dans
Paris intra-muros. Le « Paris de l’hospitalité »,
est un projet organisé par le Pôle d’Exploration des
Ressources Urbaines PEROU et Les Enfants du Canal,
soutenu par la Fondation Macif et le Pavillon
de l’Arsenal

               Les questions que nous nous sommes posées
pour démarrer notre réflexion aide à comprendre notre
approche, ainsi que les solutions proposées :
« […] Est-ce que les bénéficiaires peuvent participer au projet ?,
Comment rapidement occuper l’espace ?, Qu’est ce que je peux
facilement et rapidement monter pour abriter un chantier ?,
Centre nomade : déménagement ?, Qu’est ce que je peux
facilement déménager ?, Comment esquiver
le semi-remorque ?, Comment sortir des solutions
“ prêtes à l’emploi ” ?, Comment éviter l’algeco, le container
maritime, l’échafaudage de chantier ?, Quelle image
voulons-nous donner du chantier, de l’occupation et du lieu
après restitution ?, Qu’est ce que nous voulons véhiculer
comme message aux bénéficiaires, aux riverains,
aux pouvoirs publics ?, Si je pars,  qu’est ce que je laisse ? [...] »
               
                Notre expérience sur la question SDF montre
que ces populations vivent un nomadisme constant, cette
grande mobilité subie, complique la vie et l’intégration
pour ces personnes. Cette forme de vie sans domicile fixe,
pose un souci en ce qui concerne le travail d’aide, d’assistance
et de suivi pour les travailleurs sociaux. L’éclatement spatial
des établissements sociaux, oblige les bénéficiaires à effectuer
une pénible transhumance quotidienne, déstabilisante
et décourageante. Pour cela, face à cette population
qui passe l’essentiel de son temps dans l’espace publique,
nous pensons qu’il faut privilégier des dispositifs qui
produisent en priorité, d’espaces privatifs.
                Notre approche se base sur l’idée du « logement
d’abord ». Une clé, une adresse, une identité, un nom sur une
boîte aux lettres. Pouvoir le plus vite possible « être » quelque
part, avoir un « chez soi ». Nous pensons qu’il faut légèrement
déplacer la commande d’un centre d’hébergement nomade,
à un programme plus ouvert de bâtiment mixte
(logements et activités). Nous ne proposons pas une
sous-architecture pour les précaires, mais une infrastructure
d’innovation sociale connectée avec son quartier.
                Le projet consiste en un principe constructif,
qui permet d’occuper rapidement un terrain et de constituer
des logements dont les niveaux de confort sont évolutifs.
Un chantier décomposé en étapes, en fonction des apports
économiques. Faire un projet avec un minimum de matière,
travailler avec des éléments industriels conformes,
de petites dimensions pour répondre aux mieux
à la demande de transportabilité. Le projet est imaginé
avec une main d’oeuvre n’ayant pas besoin d’infrastructures
lourdes ni d’un savoir-faire spécifique.
               
                Une première phase consiste à mettre
en place des serres horticoles. Elles dessinent les pourtour
des bâtiments et permettent immédiatement d’abriter
le chantier. Dans cette phase, une première étape, consiste
à fabriquer sur place, des blocs fonctionnels-porteurs
posés sur un plancher et à les raccorder aux réseaux d’eaux
et électricité. La deuxième étape, consiste à monter ces blocs
en unité d’habitation sur deux niveaux. Cette première phase
apporte ainsi un confort minimum aux personnes logés
(un lit, une armoire, un accès à des WC, salle de bain,
cuisine commune).
                Une deuxième phase consisterait à créer des studios
équipés, plus grands, à la place de la chambre pour
une personne. Une troisième phase consisterait à passer
des studios à des appartements mitoyens (type T2 ou T3)
qui deviendraient pérennes. Une quatrième phase
consisterait à faire évoluer l’infrastructure vers une
maison bioclimatique.


Équipe de maîtrise d’œuvre :
Conception : fuga + Sébastien Perruche, artiste
Photo : « Daniel » de la série « Mémed était mort », 
2004 © Benjamin Geminel
Photo maquettes : Sébastien Perruche, Jérôme Aich 
Lieu : Paris
2014


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