art éco
Bardage pour extension de l’École nationale supérieure
des arts décoratifs

                Nous réfléchissons à la fabrication d’un décor
contemporain en associant le recyclage de matériaux issus
d’anciens sites sidérurgiques à la transformation
artisanale de matériaux vivants issus de paysages actuels.
                Cette approche du décoratif implique le travail de la main
et celui du territoire, pour les retranscrire à l’endroit le plus
essentiel du projet : sa structure.

                Élément du paysage
Les paysages naturels nous offrent des décors dont les
plus subtiles manifestations sont produites par leur entretien
artisanal ordinaire. À l’image du faiseur de fagot de l’Hurepoix
et du Gatinais, qui chargé de la taille des bois récupérait
le petit branchage, pour en faire des outils magnifiques pour
la hutte qu’il habitait. Cet artisan mal aimé, a mis au point
des techniques qui sont toujours vivantes et actuelles,
tout comme l’est, plus que jamais, le nécessaire entretient
de nos forêts. Cette histoire vivante est le mécanisme
de nos décors qu’il nous appartient de prolonger.

                Art Déco/Art Éco
Les Arts décoratifs s’inscrivent dans une histoire qui lie
modernité, industrie, géométrie et nature. Le croisement entre
le monde de la sidérurgie par la seconde vie des poutres
métalliques, et le travail du plessis de châtaignier vient soutenir
le travail actuel de l’École des art décoratifs qui étend la notion
de décoration florale, des éléments de construction moderne
à leur décoration, par l’emploi de la matière naturelle elle-même.

                Le détail, la trame, le cloutage, le traitement
Les détails amenés au plessis, son cloutage, ses assemblages,
s’ils ont été étudiés pour s’assurer de la faisabilité d’ensemble,
seront amenés à s’enrichir, tout comme celui des éclissages
des éléments métalliques. La recherche de robustesse, les astuces
de montage, feront naître de nouveaux détails décoratifs.

                La perception au quotidien dans un lieu pédagogique
Le caractère didactique du projet, l’encodage de sa structure,
l’enrobage de plessis et le discret jeu d’apparition
entre les deux, selon où l’on se trouve dans le bâtiment,
est une expérience à vivre au cours des années
d’apprentissage. Apprend-tissage.

                Message pour une transition dé-carbonée désirable
La contribution du décoratif est plus que jamais
nécessaire pour aborder la gigantesque transition écologique
qui s’impose à nous. Le grand enjeu du décor contemporain
est en effet, d’arriver à nous faire désirer ce monde dé-carboné
que nous devons construire. Moins de matière, moins de carbone,
moins d’énergie, est une perspective difficile sans l’enthousiasme
de la créativité. Dès lors, ce qui apparaissait superflu
ou nécessaire hier, tend à s’inverser. Le concepteur moderne
d’hier, épure l’objet à l’extrême au profit d’une surenchère
de matériaux rares et de technologie. Le concepteur
contemporain épure la matièr et l’énergie, pour dévoiler
la beauté de ce qui est vivant et se dessine. Artisans soutenables
et recyclage industriel, forment ici une belle unité.
La révolution de notre sensibilité et de notre curiosité,
à l’égard du vivant et du recyclage, est indispensable pour
réussir une dé-carbonatation puissante et heureuse.
Moins de matière pour plus de décor ! [...] » 

                — SOA Architectes



                « [...] La question posée ici est une question
technique permettant de produire des formes au travers
de matériaux, de mise en œuvre et de couleurs :
                Comment peux-t-on mettre au point des éléments
d’architecture, non standard de bardage, pour recouvrir
la structure du bâtiment avec un tissage de bois ?

Notre travail en tout premier lieu a consisté à prendre
en compte les possibilités techniques, des différentes typologies
de vannerie existantes pour ensuite, par une série d’échanges
techniques, avec des professionnels, voir si ce que nous
imaginions était possible.
                La vannerie selon le matériau que l’on travaille,
varie énormément, et les procédés sont directement liés
aux types de brins, et aux essences que l’on utilise.
L’entrée dans le milieu s’est fait par l’échange avec des associations
professionnelles d’artisans français, à même de cultiver,
fournir et travailler le matériau du tissage de bois.
                Lors de cette de cette étude, nous avons fixé des idées,
et avons fourni des dessins et des maquettes à des acteurs
de la vannerie, pour mettre en place, grâce à leurs réponses,
un répertoire de textures et de surfaces validés,
tant au point de vue technique que budgétaire. Ces allers-retours,
regardent la pratique et sont construits autour de documents
(photos-dessins-notes) qui entretiennent la relation.
Les discussions ont tourné autour des résolutions techniques,
mais aussi, autour des formes, tout en considérant
les méthodes et matériaux employés pour fabriquer
ce type de vannerie.
                En travaillant par élimination, nous avons opté pour
le bois de châtaignier, et plus particulièrement sur la technique
de tressage type « plessis » utilisée par les « feuillardiers ».
Ces artisans de la futaie limousine, exclusivement voués
au travail du bois de châtaignier, se sont transmis, au fil des siècles,
leurs techniques de bûcheronnage, de vannerie et de cerclage.
                Le « plessis » est une vannerie simple et rustique,
constituée de montants verticaux et de gaulettes tressées
à l’horizontal. Les gaulettes sont des jeunes pousses
de châtaignier de 2 à 5 années, formant des brins de 2 a 3 m
de long, et de section de 8 à 15 mm de diamètre, coupées
et écorcées, laissant apparaître la couleur claire caractéristique
du bois de châtaignier. Le choix de l’essence, a été guidée
afin de garantir une durabilité de 25 ans, sans traitement,
et qui peut être encore rallongé de 10 à 15 ans,
si on applique un vernis spécifique.
                Le plessis de châtaignier est utilisé aussi bien pour des
ouvrages de retenu de terre, que des outils d’extérieur.
L’épaisseur de ses brins évite toute forme d’effilochage.
                La proposition formelle et technique est un ensemble
constitué d’une structure en forme de demi tube, fabriqué avec
des tubes d’acier mécano-soudés, et thermolaqués, servants
de châssis et de gabarit, sur laquelle les vanniers tressent
les brins horizontaux de bois.
                Ces échanges professionnels nous ont permis
de valider un scénario de mise en œuvre, où le bardage est réalisé
en diverses pièces en atelier, et dans un deuxième temps,
les éléments finis sont fixés et raccordés entre eux,
sur le chantier, par l’équipe de vanniers.
                Bien que cette étude ait été menée sur un temps court,
nous avons constaté que notre questionnement, proposant
une nouvelle relation d’échelle, entre vannerie et architecture,
n’était pas sans intérêt pour certains professionnels.
En effet, de notre point de vue, comme du leur,
les questions d’échelles entre l’objet, l’espace, les techniques
et le territoire, sont fondamentales. Ces questions portent
sur le geste, le mouvement, le matériau et la main.
Aussi, elles emportent une chaîne technique, qui, parce qu’elle
s’inscrit dans une démarche innovante, peut laisser
entrevoir une ré-évaluation par le design, des écosystèmes
et des économies, qui s’opèrent habituellement
en architecture. [...] »

                — fuga

Informations supplémentaire sur le site des architectes ici

Équipe de conception bardage :
SOA Architectes + fuga 
Maîtrise d’œuvre mandataire : SOA Architectes
MOA : ENSAD-École nationale supérieure
des Arts Décoratifs de Paris
Lieu : Rue d’Ulm, Paris
Dessins : Augustin Rosenstiehl, Jérôme Aich 
3D : Artefactorylab
Concours 2021
all rights reserved © deux-mille-vingt-quatre. fuga. Jérôme Aich. Magdalena Recordon. Paris. France